Pour les chefs de chœur et choristes
Émission complète
est diffusée trois fois par semaine sur Radio Courtoisie.
Soutenez Radio Courtoisie
Pour le XVe dimanche, nous ne quittons pas l’abbaye Notre-Dame de Triors mais nous changeons de disque pour commencer le cycle des dimanches d’automne. Il a été enregistré en novembre 2001, et est en vente sur notre Boutique en ligne.
Dimanche 1er septembre 2024
Dominica Decima quinta post Pentecostem
XVe DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE
Vert – 2e classe
L’Évangile nous relate l’épisode touchant de la résurrection du fils de la veuve de Naïm et donne son nom à ce Quinzième dimanche après la Pentecôte. La scène est reproduite ci-dessus dans une œuvre de Pierre Bouillon (1776-1831) que l’on peut admirer au Musée de Tessé au Mans.
Nous remercions le musée manceau de nous avoir autorisés à illustrer cette page de ce beau tableau.
L’épisode si touchant de la veuve de Naïm donne aujourd’hui son nom au quinzième dimanche après la Pentecôte. L’Introït nous présente la forme des prières que nous devons adresser au Seigneur dans tous nos besoins. L’Homme-Dieu a promis, dimanche dernier, d’y pourvoir toujours, à la condition d’être servi par nous fidèlement dans la recherche de son royaume. En lui adressant nos supplications, montrons-nous confiants dans sa parole, comme il est juste de l’être, et nous serons exaucés.
Dom Guéranger L’Année Liturgique
– N’hésitez pas à vous inscrire à notre lettre d’information hebdomadaire (newsletter) de façon à recevoir par courriel l’émission dès le dimanche après midi précédant le dimanche concerné. Le compteur de ce site nous apprend que vous êtes très nombreux à en profiter et nous nous réjouissons que puisse ainsi rayonner la louange divine. Sachez toutefois que nous ne pouvons compter que sur votre aide matérielle pour faire face à nos inévitables frais (achat de disques, de matériel audio, informatique…)
– Le site Introibo vous procurera d’intéressants commentaires de Dom Guéranger, Dom Baron, Dom Schuster…
– Vous pouvez accéder, à la fin de cette page, au lien qui vous permettra d’obtenir la partition du psaume de communion que nous vous recommandons d’interpréter en alternance avec l’antienne.
► Introït : Inclina Domine
Comme les dimanches précédents, les chants du propre de la messe du quinzième dimanche après la Pentecôte sont tirés des psaumes sauf la Communion, et ils expriment les sentiments de supplication, de confiance, de louange et d’action de grâces qui doivent animer les chrétiens durant leur séjour sur la terre. Mais ils présentent aujourd’hui une particularité qui les oppose à ceux des dimanches précédents. Les alléluias des dix derniers dimanches, du cinquième au quatorzième après la Pentecôte, avaient tous pour texte le premier verset d’un psaume. Mais ce ne sera pas le cas cette fois-ci ; ce seront au contraire les autres pièces, Introït, Graduel et Offertoire, qui auront pour texte le premier verset d’un psaume.
Le texte de l’Introït est le début du psaume 85, un des nombreux psaumes où David, qui se sent humainement perdu devant la puissance de ses ennemis, lance un appel suppliant vers Dieu pour qu’Il le délivre.
Inclina, Domine, aurem tuam ad me, et exaudi me : salvum fac servum tuum, Deus meus, sperantem in te : miserere mihi, Domine, quoniam ad te clamavi tota die.
Seigneur, tendez l’oreille vers moi, écoutez-moi, sauvez votre serviteur qui espère en vous, mon Dieu ; ayez pitié de moi, Seigneur, car je crie vers vous tout le jour.
Chacun de nous peut faire sienne cette prière dans les épreuves et les tentations au milieu desquelles nous nous débattons. La mélodie est une des plus belles et des plus expressives du répertoire. Elle commence par une intonation qui s’élève en un grand élan, franchissant d’un bon toute l’octave pour culminer sur le mot Domine ; puis elle redescend et la phrase s’achève dans le grave sur exaudi me, prière plus humble mais tout aussi suppliante. La deuxième phrase, celle de l’espérance, est plus assurée, les mots Deus meus sont vraiment pleins de confiance. On retrouve dans la troisième phrase une supplication presque angoissée, s’enfonçant dans le grave puis se reprenant pour remonter sur le mot clamavi, qui est vraiment un cri lancé du fond de notre misère. Si les mots de profundis ne sont pas dans le texte, ils sont dans la mélodie. On entendra ensuite comme verset psalmodié la suite du psaume.
Lætifica animam servi tui : quoniam ad te, Domine, animam meam levavi.
Donnez la joie à l’âme de votre serviteur car j’élève vers vous mon âme Seigneur.
► Graduel : Bonum est confiteri
Comme celui de l’Introït le texte du Graduel du quinzième dimanche après la Pentecôte est formé du début d’un psaume, cette fois le psaume 91. Après la supplication du fond de notre misère, voici la louange à Dieu pour sa justice et sa bonté infinie, et ces premiers versets chantent le bonheur que nous procure cette louange qui ne doit jamais cesser. On notera le passage de la deuxième à la troisième personne qui est assez fréquent dans les psaumes.
Bonum est confiteri Domino : et psallere nomini tuo, Altissime. Ad annuntiandum mane misericordiam tuam, et veritatem tuam per noctem.
Qu’il est bon de louer le Seigneur et de chanter un psaume à votre nom ô Très-Haut, pour annoncer dès le matin votre miséricorde et votre vérité durant la nuit.
Ce Graduel commence par les mêmes mots que celui de dimanche dernier Bonum est, et avec la même intonation, mais la suite est totalement différente. Après une courte cadence au grave, la mélodie s’élève soudain dans l’aigu avec hardiesse et enthousiasme, et elle s’y tiendra jusqu’à la fin, revenant sans cesse sur la même note avec une insistance que rien ne semble lasser. On retrouvera dans la deuxième partie de grandes vocalises déjà souvent rencontrées, puis la finale reprend exactement la même mélodie que celle de la première partie.
► Alléluia : Quoniam Deus
Contrairement aux autres chants de cette messe et contrairement aux Alléluias des dimanches précédents, le texte de l’Alléluia du quinzième dimanche après la Pentecôte n’est pas le premier verset d’un psaume, mais c’est tout simplement la suite de celui de dimanche dernier, au début du psaume 94, qui disait :
Venite exsultemus Domino : jubilemus Deo salutari nostro.
Venez exultons pour le Seigneur, poussons des cris de joie pour Dieu notre Sauveur.
Et nous continuons aujourd’hui :
Quoniam Deus magnus Dominus et rex magnus super omnem terram.
Car le Seigneur est un grand Dieu et un grand roi au-dessus de toute la terre.
Il y a bien un verset entre les deux qui a été sauté, mais il dit la même chose que le précédent. C’est l’acclamation de la majesté divine qui continue, et la mélodie ressemble aussi à celle de dimanche dernier ainsi qu’à celle de tous les Alléluias de louange et d’action de grâces des dimanches précédents. Elle est très développée avec de grandes vocalises éclatantes, surtout dans le verset.
► Offertoire : Exspectans exspectavi
Nous retrouvons dans le chant de l’Offertoire du quinzième dimanche après la Pentecôte le début d’un psaume, le psaume 39.
Après la supplication, la louange et l’acclamation, voici l’action de grâces et de reconnaissance pour les bienfaits reçus.
Exspectans exspectavi Dominum, et respexit me : et exaudivit deprecationem meam, et immisit in os meum canticum novum, hymnum Deo nostro.
D’un grand espoir j’ai espéré dans le Seigneur et il a jeté les yeux sur moi et a exaucé ma prière. Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, une hymne à notre Dieu.
Un verset de psaume a été sauté entre les deux phrases, dans lequel David, auquel le psaume est attribué, précisait : il m’a arraché à la mort. Ce psaume est ainsi considéré comme messianique et David, figure du Christ, y prophétise la résurrection. C’est donc pour le grand bienfait de la Rédemption et toutes les grâces qui en ont découlé pour nous que nous chantons ce cantique nouveau mis en notre bouche par l’Église. Ces paroles s’appliquent, plus qu’à tout autre, au chant grégorien.
La mélodie exprime notre reconnaissance pour ces grâces espérées et reçues, d’une manière calme et douce, peu développée, se tenant toujours sur les mêmes notes dans le climat de vie intérieure et de contemplation qui est habituellement celui des Offertoires. Cependant la cadence finale surprend, venant se poser au grave sur une note qu’on n’avait jamais entendue auparavant, comme s’il ne s’agissait que d’une déposition passagère dont la suite se perd dans le silence.
► Communion : Panis quem ego
Comme celle du dimanche précédent, la Communion du quinzième dimanche après la Pentecôte est tirée de l’Évangile, mais il ne s’agit pas cette fois de l’Évangile du jour. C’est un passage du discours sur le pain de vie, au chapitre VI de l’Évangile de saint Jean, dont nous avions entendu un autre extrait à la Communion du neuvième dimanche :
Panis quem ego dedero caro mea est pro sæculi vita.
Le pain que je donnerai c’est ma chair pour la vie du monde.
Ces paroles, qui ont tellement scandalisé les auditeurs de Notre Seigneur, nous sont maintenant familières. Elles conviennent particulièrement bien au moment de la communion, alors que nous recevons ce pain devenu la chair du Christ. C’est Lui qui parle ici d’une voix très douce avec de belles vocalises mélodieuses et expressives.
Le site nord-américain Musica Sacra nous offre des partitions du psaume qui peut être interprété en alternance avec cette antienne de communion . C’est aisément déchiffrable pour tout choriste et nous encourageons vivement les chefs de scholas à les imprimer et à les travailler lors des répétitions. La psalmodie est le meilleur moyen d’apprendre à déclamer la phrase latine, à respecter les accents toniques, à prononcer cette langue liturgique sans hésiter…