Pour les chefs de chœur et choristes
Émission complète
est diffusée trois fois par semaine sur Radio Courtoisie.
Soutenez Radio Courtoisie
► La messe du Jour de Noël est en ligne sur notre page d’accueil.
Les abonnés à notre newsletter ne la recevront pas de nouveau cette semaine mais la messe du dimanche dans l’octave de Noël sera en ligne dès vendredi 27 à 5h00. Merci de votre fidélité !
Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonæ voluntatis !
Pour la messe de Minuit, nous vous proposons cette année la belle interprétation des moniales de l’abbaye bénédictine de Notre-Dame de l’Annonciation du Barroux pour les fichiers audio sans commentaires s’adressant plus spécialement aux chefs de chœur et choristes. Le disque parut en 1992 sous le titre simple et évocateur : « Puer natus est ». Il est en vente sur notre Boutique en ligne ICI.
L’émission complète fera appel à d’autres interprètes : moniales d’Argentan (2002), moines de Randol (1990), de Solesmes (1970) et enfin séminaristes du Grand Scolasticat de Chevilly-la-Rue (1953).
Mercredi 25 décembre 2024
IN NATIVITATE DOMINI
NATIVITÉ DU SEIGNEUR
I classis cum octava II classis
Ire classe avec octave de 2e classe
Ad primam Missam in nocte
Messe de la nuit
La fête de Noël possède une particularité unique dans toute l’année, qui est de comporter trois messes différentes, alors que les autres jours n’en ont qu’une. Elles étaient souvent autrefois dites les unes à la suite des autres : on se rappelle Les Trois Messes basses d’Alphonse Daudet ; mais elles sont normalement destinées à être célébrées à trois moments différents, avec lesquels elles sont en harmonie : la messe de Minuit emplie de mystères, celle de l’Aurore pleine de lumière et celle du Jour pleine de joie. Nous ne traiterons pas de la belle messe de l’aurore, qui n’est guère chantée que dans les monastères, et à laquelle les fidèles n’ont que rarement l’occasion d’assister.
Ces messes présentent un contraste étonnant entre les chants du propre et les Évangiles qui y sont lus. À la Messe de Minuit, on lit à l’Évangile le récit de la Nativité dans l’étable de Bethléem et l’apparition des anges aux bergers, tandis que les chants du propre, pleins du mystère qui convient à la nuit, nous font méditer sur la génération éternelle du Verbe au sein de la Très Sainte Trinité. À la Messe du Jour au contraire, on lit à l’Évangile le prologue de saint Jean : » Au commencement était le Verbe… « , tandis que les chants du propre célèbrent joyeusement la naissance de l’Enfant-Dieu.
Hormis l’Offertoire, les chants du propre de la Messe de Minuit contiennent tous les mots genui te : je t’ai engendré, adressés par Dieu le Père à son Fils. On les trouve dans deux passages extraits de deux grands psaumes messianiques, le psaume 2 à l’Introït et à l’Alléluia, le psaume 109 au Graduel et à la Communion.
Le site Zenit a publié une intéressante étude de ces trois messes par le Père Edward McNamara le 21 décembre 2012. Nous la mettons à votre disposition à la fin de cette page.
– Le site Introibo vous procurera d’intéressants commentaires de Dom Guéranger, Dom Baron, Dom Schuster…
– Allez à la fin de cette page pour accéder au lien qui vous permettra d’obtenir la partition du psaume de communion que nous vous recommandons d’interpréter en alternance avec l’antienne de communion.
La Messe de Minuit
(qui ne doit pas commencer AVANT minuit)
► Introït : Dominus dixit
Voici le verset du psaume 2 qui est chanté à l’Introït.
Dominus dixit ad me : Filius meus es tu, ego hodie genui te.
Le Seigneur m’a dit : Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui je t’ai engendré.
Cet aujourd’hui, c’est le présent éternel du ciel. Ces paroles sont celles du Père, mais ici c’est le petit enfant de la crèche qui les prononce en disant » Le Seigneur m’a dit « . Aussi la mélodie est-elle simple et dépouillée, presque immatérielle ; seul le mot meus est souligné, exprimant la tendresse du Père pour son Fils. Cet Introït est un des plus courts du répertoire. Il est accompagné bien entendu par le premier verset du psaume 2
Quare fremuerunt gentes et populi meditati sunt inania ?
Pourquoi les nations se sont-elles agitées et les peuples ont-ils comploté en vain ?
Il montre les vains efforts des païens pour s’opposer à la venue et au règne du Messie.
► Graduel : Tecum principium
Après le texte messianique tiré du psaume 2 qui figurait à l’Introït, nous allons trouver dans le Graduel l’autre texte messianique, tiré du psaume 109.
Tecum principium in die virtutis tuæ : in splendoribus sanctorum ex utero ante luciferum genui te.
On retrouve donc les mots genui te qui reviennent quatre fois dans cette messe. Mais ce texte est difficile à traduire car il est plein de symbolisme, s’appliquant à la fois au sacre du roi d’Israël, devenu par l’onction fils de Dieu, c’est à dire son représentant sur terre, et à la génération éternelle du Messie dont le roi n’était que la figure. On peut traduire à peu près ainsi :
À toi la primauté au jour de ta puissance. Dans les splendeurs sacrées, de mon sein, avant l’aurore, je t’ai engendré.
La deuxième partie de ce Graduel reprend le début du psaume 109, bien connu des fidèles qui assistent aux vêpres du dimanche.
Dixit Dominus Domino meo : sede a dextris meis, donec ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum.
Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à ma droite, tandis que j’abaisse tes ennemis comme un marchepied.
» Le Seigneur a dit à mon Seigneur « , c’est Dieu le Père qui s’adresse au roi d’Israël, figure du Messie ; c’est celui-ci, deuxième personne de la sainte Trinité, qui est assis à la droite de Dieu, comme nous le chantons dans le Credo.
On voit que nous sommes ici dans un monde de grandeur, de mystère et d’éternité. Ce Graduel a des dimensions imposantes ; si l’Introït de cette messe est un des plus courts du répertoire, le Graduel est au contraire un des plus longs. La mélodie est dans l’ensemble une mélodie type avec des formules que l’on retrouve souvent en d’autres Graduels, mais elle est plus développée, avec une grande introduction qui lui donne un caractère très solennel.
► Alléluia : Dominus dixit
Nous allons trouver dans l’Alléluia de la messe de minuit le même texte que nous avons entendu à l’Introït :
Dominus dixit ad me : Filius meus es tu, ego hodie genui te.
Le Seigneur m’a dit : Tu es mon fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré.
Toujours les mots genui te qui reviennent pour la troisième fois dans cette messe. La mélodie est une mélodie type comme celle du Graduel, mais ici sans aucune adjonction, et telle que nous l’avons déjà souvent entendue. Il faut dire pourtant que ses vocalises souples et légères expriment si bien la joie de Noël qu’on les croirait faites pour cela.
► Offertoire : Lætentur cæli
Comme c’est souvent le cas, le chant de l’Offertoire de la messe de minuit est un peu à part, et son texte ne contient pas les mots genui te. Il est tiré du psaume 95, cantique de louange au Seigneur, roi et juge universel :
Lætentur Cæli et exsultet terra ante faciem Domini ; quoniam venit
Que les cieux se réjouissent et que la terre exsulte devant la face du Seigneur, car Il vient.
Le psaume ajoute : car il vient pour juger la terre. Il s’agit donc du retour glorieux du Seigneur à la fin des temps, le dernier avènement. Mais la liturgie en arrêtant le texte à quoniam venit, sans préciser, permet de l’appliquer au premier avènement dans la nuit de Noël et à son avènement dans nos âmes en cette fête de Noël si nous sommes prêts à le recevoir. C’est de cette venue quelle qu’elle soit que les cieux et la terre se réjouissent, joie très intérieure exprimée par une mélodie douce et contemplative aux ondulations calmes et souples.
► Communion : In splendoribus
Le texte de l’antienne de Communion de la messe de minuit est en partie celui du Graduel, le deuxième grand texte messianique tiré du psaume 109.
In splendoribus sanctorum ex utero ante luciferum genui te.
Dans les splendeurs sacrées, de mon sein, avant l’aurore, je t’ai engendré.
On rencontrons bien entendu pour la quatrième fois les mots genui te, la génération éternelle du Verbe au sein de la Très sainte Trinité. La mélodie est très simple ; les musiciens remarqueront qu’elle est pentatonique c’est à dire qu’il n’y a pas de demi-ton. Elle a une certaine parenté avec celle de l’Introït, mais elle n’en a pas la légèreté céleste. Elle est plus appuyée et plus solennelle. Ici ce n’est plus le petit enfant qui parle, c’est Dieu le Père qui s’adresse à lui directement.
Le site nord-américain Musica Sacra nous offre des partitions du psaume qui peut être interprété en alternance avec cette antienne de communion. C’est aisément déchiffrable pour tout choriste et nous encourageons vivement les chefs de scholas à les imprimer et à les travailler lors des répétitions. La psalmodie est le meilleur moyen d’apprendre à déclamer la phrase latine, à respecter les accents toniques, à prononcer cette langue liturgique sans hésiter…
L’origine des trois messes de Noël par le père Edward McNamara, L.C.
ROME, vendredi 21 décembre 2012 (ZENIT.org) – Comme pour de nombreuses pratiques liturgiques, l’origine des trois messes de Noël (à minuit, à l’aube et le jour) n’est pas du tout sûre, explique le père Edward McNamara, L.C., professeur de théologie et directeur spirituel.
La fête liturgique de Noël tombe le 25 décembre de chaque année. Cette fête est née à Rome, autour de l’an 330, peut-être précisément cette année-là. Elle fut très probablement célébrée pour la première fois dans la basilique Saint-Pierre, dont la construction était à peine terminée.
La célébration de Noël s’est ensuite diffusée à partir de Rome, lentement, dans les provinces orientales de l’Empire romain et, petit à petit, elle a été insérée dans le calendrier liturgique des Églises principales. Certaines de ces Églises célébraient la naissance du Christ le 6 janvier – l’Épiphanie – et ont continué à donner davantage d’importance à cette date, même après avoir accepté la date du 25 décembre.
Pendant toute cette période, l’Église à Jérusalem avait continué de développer certains usages particuliers.
Égérie, une femme qui a fait un long pèlerinage en Terre Sainte de 381 à 384, a décrit dans son Itinerarium comment les chrétiens de Jérusalem commémoraient le mystère de Noël le 6 janvier avec une veillée à minuit à Bethléem, suivie d’une procession aux flambeaux vers Jérusalem, qui finissait à l’aube dans l’église de la Résurrection (Anastasis, en grec).
Cinquante ans plus tard, à Rome, le pape Sixte III (432-440) décida d’honorer la proclamation de la maternité divine au Concile d’Éphèse (431), avec la construction de la grande basilique de Sainte Marie Majeure sur la colline de l’Esquilin.
Sixte III fit construire, en outre, une chapelle qui reproduit la grotte de Bethléem (les reliques de la crèche, jusqu’alors conservées dans la basilique de Sainte Marie Majeure, ne furent placées dans la chapelle qu’au VIIe siècle). Probablement inspiré par la coutume de la veillée de minuit célébrée à Bethléem, le pape Sixte III lui-même instaura la tradition d’une messe de minuit célébrée dans la chapelle de la « grotte de la Nativité ».
A Rome existait déjà la coutume de commémorer les fêtes importantes par deux services liturgiques distincts, l’un célébré dans la nuit, l’autre vers l’aube. Il est facile d’imaginer comment cette simple fête, initiée par le pape Sixte III dans la basilique Sainte Marie Majeure, a gagné en importance et s’est développée. La première étape de ce développement consista dans le fait que la plus ancienne liturgie de Noël, celle qui était chantée à Saint Pierre, fut aussi célébrée à Sainte Marie Majeure.
Un développement ultérieur a eu lieu autour de l’année 550. Le pape et certains membres de la curie célébraient une seconde messe un peu avant l’aube dans l’Eglise Sainte Anastasie, située sur un versant du Palatin.
A l’origine, cette dernière célébration se tenait en l’honneur de la mémoire de sainte Anastasie qui tombe le 25 décembre, et elle n’avait donc rien à voir avec Noël. Mais plus tard, cette célébration fut transformée en une seconde messe de Noël, s’inspirant probablement de la coutume de la messe célébrée à l’aube dans l’église de la Résurrection à Jérusalem, et à cause de l’association faite entre le nom d’Anastasia et anastasis (résurrection).
Après cette messe, de caractère quasiment privé, le pape se rendait directement à Saint-Pierre, où une grande foule de fidèles attendaient la liturgie solennelle à l’aube de Noël. Cette coutume continua au moins jusqu’à l’époque du pape Grégoire VII (mort en 1085).
Au début, le privilège des trois célébrations de Noël était réservé aux papes. Le premier témoignage que nous ayons d’un prêtre ordinaire qui célèbre les trois messes provient de la fameuse abbaye de Cluny, en France, avant l’an 1156.
Tous les prêtres peuvent désormais user de ce privilège et célébrer trois messes à Noël, à condition qu’ils respectent précisément les horaires. La première messe est célébrée en correspondance ou à proximité de minuit (la messe de la veille, le soir du 24 décembre, n’est pas considérée comme la première des trois messes), la seconde à l’aube et la troisième à un moment dans la journée du 25 décembre.