Pour les chefs de chœur et choristes
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est diffusée trois fois par semaine sur Radio Courtoisie.
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Pardonnez-nous le problème technique qui ne vous a pas permis de suivre les chants de la fête du Saint Nom de Jésus. L’origine en a été détectée et vous devriez désormais suivre les prochaines émissions. Merci de votre fidélité !
En alternance avec Triors ou encore la Schola Cantorum de Cologne, je vous ai fait parfois écouter les chants de l’Épiphanie par les moines de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. C’était dans une interprétation en date de l’année 1969, rééditée en CD par Universal Classics en 2002. Nos amis de l’excellent site Musicologie médiévale m’ont fait découvrir un microsillon plus ancien de 1958 des mêmes moines de Solesmes. Vous pourrez voir sur la présente page la pochette du vinyle. C’est cet enregistrement que vous entendrez cette année… N’hésitez pas à vous inscrire, si ce n’est déjà fait, en bas de la page d’accueil de ce site (bouton « inscription aux newsletters ») et rejoignez les milliers d’amis internautes qui écoutent la bande sonore de cette émission dès le lundi précédant le dimanche, et préparent ainsi les chants de la messe dominicale, liturgiquement, spirituellement et …vocalement !
Lundi 6 janvier 2025
IN EPIPHANIA DOMINI
ÉPIPHANIE DE NOTRE SEIGNEUR
Blanc – 1re classe
Omnes de Saba vénient, aurum et thus deferéntes et laudem Dómino annuntiántes
Tous ceux de Saba viendront offrir l’or et l’encens en chantant les louanges du Seigneur. Isaïe 60,6
Nous sommes au Temps de Noël liturgiquement parlant (Tempus natalícum). Il se poursuivra jusqu’au 13 janvier inclus. Mais cette période est elle-même sous-divisée en deux Temps.
– le Temps de la Nativité (Tempus nativitátis) qui va des 1res Vêpres de Noël à None du 5 janvier inclus.
– le Temps de l’Épiphanie qui court des Ires Vêpres de l’Épiphanie du Seigneur, le 5 janvier, au 13 janvier inclus.
La Vigile de l’Épiphanie a été supprimée en 1955 mais l’on célèbre le 5 janvier les Ires Vêpres de la grande fête du 6 janvier, fête de 1re classe (ornements blancs).
C’est donc ce lundi 6 janvier que les Rois Mages prennent place dans nos crèches.
Dans l’Ordo de 1962, la solennisation de la fête de l’Épiphanie de Notre-Seigneur, a été fixée, lors du Concordat de 1801, au dimanche qui suit le 6 janvier quand cette date n’est pas un dimanche, soit cette année 2025 le dimanche 12 janvier. C’était autrefois fête d’obligation en France, comme c’est encore le cas en certains pays. Le nouvel ordo de 1970 célèbre toujours la fête le premier dimanche de janvier.
Patrick Banken
– Le site Introibo pourra vous procurera d’intéressants commentaires de Dom Guéranger, Dom Pius Parsch, Dom Schuster…
– Allez à la fin de cette page pour accéder au lien qui vous permettra d’obtenir la partition du psaume de communion que nous vous recommandons d’interpréter en alternance avec l’antienne.
Voici la pochette du microsillon vinyle 33T de 1958 utilisé :
Magi vidéntes stellam, dixérunt ad ínvicem :
Les Mages, voyant l’étoile, se dirent l’un à l’autre
Hoc signum magni Regis est :
Voici le signe du grand Roi
Eámus et inquirámus eum, et offerámus ei múnera, aurum, thus et myrrham, allelúia
Allons, et cherchons-le ; offrons-lui en présent, l’or, l’encens et la myrrhe, alléluia.
La fête de l’Épiphanie de Notre-Seigneur est une des plus anciennes fêtes de l’année liturgique, fixée au 6 janvier depuis la plus haute antiquité. Elle se célébrait en Orient dès le IIIe siècle et elle pénétra en Occident vers la fin du IVe siècle. Le mot Épiphanie signifie : manifestation. Comme à Noël c’est le mystère d’un Dieu qui se rend visible, mais ce n’est plus aux Juifs seulement qu’il se montre : C’est aux Gentils qu’en ce jour Dieu révèle son Fils (Oraison). Et Isaïe aperçoit, en une vision grandiose, l’Église figurée par Jérusalem, où affluent les rois et les nations, la multitude des peuples qui habitent le bord des mers et la force des Gentils. Ils viennent de loin avec leurs nombreuses caravanes en chantant les louanges du Seigneur et en lui apportant de l’or et de l’encens (Épître). Les rois de la terre adoreront Dieu et les nations lui seront soumises (Offertoire). L’Évangile montre la réalisation de cette prophétie. Alors que Noël célébrait l’hymen de la divinité avec l’humanité du Christ, l’Épiphanie célèbre l’union mystique des âmes avec Jésus. Aujourd’hui, dit la liturgie, en unissant cette fête à celle du jour Octave et du 2e dimanche après l’Épiphanie, aujourd’hui l’Église est unie à son céleste Époux, car le Christ a lavé ses crimes dans le Jourdain, les Mages accourent avec leurs présents aux noces royales et les convives boivent avec joie l’eau transformée en vin. Alléluia. C’est à Saint-Pierre, où se trouvent les reliques du chef de l’Église, que la liturgie célèbre l’entrée des païens dans l’Église. Reconnaissons dans les Mages adorateurs les prémices de notre vocation et de notre foi, et célébrons avec des cœurs pleins de joie les débuts de cette heureuse espérance : car, dès ce moment, nous avons commencé à entrer dans l’héritage céleste (Saint Léon, Matines).
Les textes de la messe insistent surtout sur le premier épisode de cette manifestation : la visite des Mages à Bethléem. Mais les textes de l’office de cette fête, particulièrement l’hymne et l’antienne à Magnificat des deuxièmes Vêpres, nous rappellent que cette manifestation s’est accomplie à l’occasion de trois événements : l’adoration des mages que nous commémorons aujourd’hui, le baptême de Notre Seigneur dans le Jourdain qui sera célébré le 13 janvier, jour octave de l’Épiphanie, et le miracle des noces de Cana que nous retrouverons le deuxième dimanche après l’Épiphanie.
L’Épiphanie c’est donc l’entrée solennelle du Christ Roi dans le monde. C’est ce qu’exprime le chant de l’Introït, dont le texte n’est pas littéralement scripturaire mais s’inspire de passages des prophètes de l’ancien testament, et dont la mélodie est peu développée et presque horizontale, mais très solennelle et assez hiératique.
►Introït : Ecce advenit
Ecce advenit dominator Dominus : et regnum in manu ejus, et potestas, et imperium.
Voici que vient le Seigneur souverain ; il a dans sa main la royauté, la puissance et l’empire.
C‘est bien lui le Roi. On appelle couramment l’Épiphanie la fête des rois. On parle des rois mages. En fait l’Évangile ne parle pas de rois ; il dit seulement : des mages d’Orient. C’était probablement des prêtres des religions païennes orientales, de savants et aussi de puissants personnages, car dans leur pays à cette époque le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel étaient plus ou moins confondus. Leur caravane était certainement imposante, et son arrivée à Jérusalem a causé un grand émoi. Mais le seul vrai roi c’est le petit enfant, c’est Lui qu’ils viennent adorer. C’est Lui également le Roi que chante le psaume 71, grand psaume messianique que nous retrouverons à l’Offertoire et dont le premier verset accompagne cet Introït :
Deus judicium tuum Regi da : et justitiam tuam Filio Regis.
Seigneur donnez au Roi votre jugement et au fils du Roi votre justice.
►Graduel : Omnes de Saba
Le texte du Graduel de l’Épiphanie est tiré du prophète Isaïe, et plus précisément du passage qui est lu à la messe, juste avant ce chant. C’est d’ailleurs un des rares cas dans la liturgie où le Graduel est tiré de la lecture précédente et c’est aussi un des rares cas, dans les messes des dimanches et fêtes, où cette lecture est tirée de l’Ancien Testament. Pour bien comprendre ce chant, le mieux est de lire en entier ce texte d’Isaïe, qui n’est pas long et qui est magnifique.
» Lève-toi Jérusalem, sois illuminée, car elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Car voici que les ténèbres couvriront la terre, et les peuples seront dans l’obscurité : mais le Seigneur se lèvera sur toi et sa gloire paraîtra en toi. Les nations marcheront à ta lumière et les rois à la splendeur de ton aurore. Lève les yeux autour de toi et regarde : tous ceux-ci sont rassemblés, ils sont venus vers toi. Tes fils sont venus de loin et tes filles surgissent à leurs côtés. Alors tu verras et tu seras comblée, tu seras émerveillée et ton cœur se dilatera quand les richesses de la mer afflueront vers toi et que la puissance des nations viendra à toi. Une foule de chameaux t’envahira, des dromadaires de Madian et de Epha : tous viendront de Saba, apportant l’or et l’encens et proclamant la louange du Seigneur. «
La première partie du Graduel reprend la dernière phrase de ce texte qui annonce d’une façon précise la visite des mages ; même l’or et l’encens sont mentionnés.
Omnes de Saba venient, aurum et thus deferentes, et laudem Domino annuntiantes.
La deuxième partie, au contraire, reprend la première phrase du texte :
Surge et illuminare Jérusalem : quia gloria Domini super te orta est.
Cette Jérusalem nouvelle qui est ainsi glorifiée, c’est évidemment l’Église qui voit affluer vers elle les peuples de toutes races et de toutes langues. On remarquera au début de la deuxième partie l’accent très prononcé de surge, puis la grande montée de illuminare, avant la descente en douceur sur Jerusalem et de nouveau un grand crescendo sur Domini.
►Alléluia : Vidimus Stellam
Si le texte du Graduel de l’Épiphanie était tiré de la lecture qui le précédait, le verset de l’Alléluia au contraire est tiré de l’Évangile qui le suit.
Vidimus stellam ejus in oriente, et venimus cum muneribus adorare Dominum.
Nous avons vu son étoile en orient et nous sommes venus adorer le Seigneur.
Ce sont les paroles des mages au roi Hérode en arrivant à Jérusalem. La mélodie est la même que celle de l’Alléluia du jour de Noël, qui parlait déjà d’une grande lumière descendue sur la terre, et qui invitait tous les peuples éclairés par cette lumière à venir adorer le Seigneur. Aujourd’hui les mages représentant toutes les nations répondent à cette invitation. Cette mélodie elle-même est lumineuse. Elle exprime bien la joie et la reconnaissance de tous ces peuples qui ont reçu la révélation du Sauveur et qui ont tout quitté pour aller L’adorer.
►Offertoire : Reges Tharsis
Le texte de l’Offertoire de l’Épiphanie est tiré du psaume 71, dont nous avons déjà trouvé le début comme verset de l’Introït, et qui est un des grands psaumes messianiques. Il chante la gloire du roi d’Israël, probablement Salomon, à qui tous les rois environnants venaient rendre hommage. On se souvient de l’épisode de la reine de Saba qui est ici mentionné.
Reges Tharsis et insulæ munera offerent : reges Arabum et Saba dona adducent : et adorabunt eum omnes reges terræ, omnes gentes servient ei.
Les rois de Tharse et des îles offriront des présents : les rois d’Arabie et de Saba apporteront des dons. Tous les rois de la terre l’adoreront, toutes les nations Le serviront.
Le roi d’Israël est comme toujours la figure du Messie à qui tous les rois et les peuples du monde entier doivent se soumettre. Les mages d’Orient dont parle l’Évangile ont été les premiers à les représenter. La mélodie comme celle du Graduel exprime une joie bien affirmée. Ses ondulations évoquent très bien la grande procession des peuples en marche vers le Sauveur.
►Communion : Vidimus stellam
Lous retrouvons dans l’antienne de Communion de l’Épiphanie le même texte qu’à l’Alléluia, tiré de l’Évangile du jour.
Vidimus stellam ejus in Oriente, et venimus cum muneribus adorare Dominum.
Nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus adorer le Seigneur.
Mais la mélodie donne ici à cette antienne assez courte un caractère différent de celui du verset de l’Alléluia, plus intime, plein d’une joie douce et légère. C’est le chant de l’âme qui a reçu la lumière d’en haut et, pleine de reconnaissance, s’empresse d’aller adorer Celui qui la lui a envoyée et se mettre à son service. Cette petite pièce finement ciselée se termine par les mots adorare Dominum très contemplatifs.
Voici que vient le Seigneur souverain ; il a dans sa main la royauté, la puissance et l’empire.
Le site nord-américain Musica Sacra nous offre des partitions du psaume qui peut être interprété en alternance avec cette antienne de communion . C’est aisément déchiffrable pour tout choriste et nous encourageons vivement les chefs de scholas à les imprimer et à les travailler lors des répétitions. La psalmodie est le meilleur moyen d’apprendre à déclamer la phrase latine, à respecter les accents toniques, à prononcer cette langue liturgique sans hésiter…
Ajoutons quelques commentaires sur cette œuvre magistrale : les présents des Rois mages, comme leur couronne et leur sceptre, sont de somptueuses pièces d’orfèvrerie de style gothique tardif. La scène architecturale est puissamment ordonnée et sa composition s’inspire de la monumentalité de la renaissance italienne. La multiplicité des détails descriptifs, le goût pour les habits fastueux et le traitement minutieux de tous les éléments appartiennent à la tradition flamande. La facture du visage de la Vierge Marie indique que le peintre a prêté attention aux modèles de Léonard de Vinci. Le chien à droite est un hommage explicite à Dürer : aux yeux d’un expert, tout le tableau reflète l’éclectisme culturel de Gossaert et constitue donc un bon témoignage sur le caractère international des rapports établis par l’école artistique anversoise.