Pour les chefs de chœur et choristes
Émission complète
est diffusée trois fois par semaine sur Radio Courtoisie.
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Nous vous encourageons vivement à écouter l’émission dans sa totalité, excellente façon d’honorer au mieux ce Jour saint entre tous, la naissance de Notre Sauveur, et de vous éloigner ainsi de cette folie mercantile païenne qui a préféré le…Père Noël !
C’est ce microsillon vinyle 33T, jamais réédité, que nous utiliserons.
Un fidèle auditeur internaute nous a appris que l’on peut néanmoins acquérir les 14 plages de cet enregistrement sur le site de Qobuz.
Mercredi 25 décembre 2024
IN NATIVITATE DOMINI – NATIVITÉ DU SEIGNEUR
I classis cum octava II classis
Ire classe avec octave de 2e classe
Ad tertiam Missam in die Nativitatis Domini
Messe du Jour
La fête de Noël possède une particularité unique dans toute l’année, qui est de comporter trois messes différentes, alors que les autres jours n’en ont qu’une. Elles étaient souvent autrefois dites les unes à la suite des autres : on se rappelle Les Trois Messes basses d’Alphonse Daudet ; mais elles sont normalement destinées à être célébrées à trois moments différents, avec lesquels elles sont en harmonie : la messe de Minuit emplie de mystères, celle de l’Aurore pleine de lumière et celle du Jour pleine de joie. Nous ne traiterons pas de la belle messe de l’aurore, qui n’est guère chantée que dans les monastères, et à laquelle les fidèles n’ont que rarement l’occasion d’assister.
Ces messes présentent un contraste étonnant entre les chants du propre et les Évangiles qui y sont lus. À la Messe de Minuit, on lit à l’Évangile le récit de la Nativité dans l’étable de Bethléem et l’apparition des anges aux bergers, tandis que les chants du propre, pleins du mystère qui convient à la nuit, nous font méditer sur la génération éternelle du Verbe au sein de la Très Sainte Trinité. À la Messe du Jour au contraire, on lit à l’Évangile le prologue de saint Jean : » Au commencement était le Verbe… « , tandis que les chants du propre célèbrent joyeusement la naissance de l’Enfant-Dieu.
Le site Introibo vous procurera d’intéressants commentaires de Dom Guéranger, Dom Schuster, Dom Pius Parsch…
– Allez à la fin de cette page pour accéder au lien qui vous permettra d’obtenir la partition du psaume de communion que nous vous recommandons d’interpréter en alternance avec l’antienne de communion.
►Introït : Puer natus est
Le texte de l’Introït est extrait de l’une des grandes prophéties d’Isaïe annonçant le mystère de l’Incarnation, comme nous en avons entendu plusieurs au temps de l’Avent.
Puer natus est nobis, et filius datus est nobis : cujus imperium super humerum ejus : et vocabitur nomen ejus magni consilii Angelus.
Un enfant nous est né, un fils nous est donné ; la souveraineté est sur son épaule. On l’appellera du nom d’envoyé du Grand Conseil.
La souveraineté sur son épaule évoque l’instrument par lequel il régnera, c’est-à-dire la Croix. Quant au Grand Conseil dont il est l’envoyé, c’est le grand dessein de la Sainte Trinité de sauver tous les hommes. Le texte d’Isaïe continue d’ailleurs par d’autres qualificatifs que l’on retrouve à d’autres moments de la liturgie de Noël, notamment à l’Introït de la messe de l’aurore. Il contraste singulièrement avec la faiblesse et la modestie de ce tout petit enfant : » Conseiller admirable, Dieu fort, Prince de la Paix, Père du siècle à venir. «
La mélodie exprime à merveille la joie légère de Noël. Elle s’élance dès le début en un grand élan enthousiaste, puis elle s’apaise en une contemplation amoureuse, se nuançant d’un brin de mélancolie à l’évocation de la Croix, et elle s’achève par l’affirmation solennelle de la qualité de celui qui nous est envoyé. Cet Introït est accompagné du premier verset du psaume 97 que nous allons retrouver au Graduel et à la Communion :
Cantate Domino canticum novum quia mirabilia fecit
Chantez au Seigneur un cantique nouveau car il a fait des merveilles.
►Graduel : Viderunt omnes
Le texte du Graduel de la messe du jour de Noël est tiré du psaume 97 dont nous avons entendu le premier verset à l’Introït : c’est un cantique de louange à la gloire du Seigneur tout puissant qui y est présenté à la fois comme sauveur et comme juge. Les versets retenus ici sont ceux qui affirment l’universalité du salut qui s’étend à tous les peuples.
Viderunt omnes fines terræ salutare Dei nostri : jubilate Deo omnis terra.
Tous les confins de la terre ont vu le salut donné par notre Dieu. Poussez des cris de joie, terre entière ;
Notum fecit Dominus salutare suum : ante conspectum gentium revelavit justitiam suam.
Le Seigneur a fait connaître son salut, il a révélé sa justice devant tous les peuples.
C’est donc à tous les hommes sans exception que le petit enfant de la crèche vient apporter le salut. Cette perspective est chantée ici avec une mélodie très joyeuse, pleine de ferveur et d’enthousiasme. On y trouve de grandes vocalises comme c’est toujours le cas dans les Graduels, mais aussi des notes répétées avec insistance comme une sonnerie de trompette.
► Alléluia : Dies sanctificatus
Le texte du verset de l’Alléluia du jour de Noël n’est pas tiré de la Sainte Écriture. Il insiste surtout sur un des caractères de Noël, qui est d’être une fête de la lumière.
Le Christ qui vient de naître est la lumière du monde, et ce n’est pas pour rien que la fête de sa nativité a été fixée au moment du solstice d’hiver, quand les jours recommencent à augmenter.
Dies sanctificatus illuxit nobis ; venite gentes et adorate Dominum, quia hodie descendit lux magna super terram.
Un jour très saint a brillé pour nous ; venez, peuples, adorez le Seigneur, car aujourd’hui une grande lumière est descendue sur la terre.
La mélodie est une mélodie type que l’on entend assez souvent au cours de l’année et particulièrement au temps de Noël. Nous la retrouverons notamment à l’Épiphanie, où l’étoile et les mages reprendront ce même thème. Cette mélodie est par elle-même très lumineuse et pleine d’une ferveur joyeuse. On notera le beau crescendo progressif sur l’invitation pressante adressée à tous les peuples : venez adorer.
► Offertoire : Tui sunt cæli
Comme celui de la messe de minuit, cet Offertoire est assez différent des autres chants de cette messe, qui expriment une joie légère et enthousiaste. Il s’agit ici d’une longue contemplation intérieure et méditative des attributs divins du petit enfant qui vient de naître, et qui est le maître absolu et le roi incontesté de toute la création. Le texte est tiré du psaume 88, un des grands psaumes messianiques.
Tui sunt cæli, et tua est terra : orbem terrarum, et plenitudinem ejus tu fundasti : justitia et judicium præparatio sedis tuæ.
À Vous sont les cieux et à Vous est la terre ; le globe terrestre c’est Vous qui l’avez créé. La justice (c’est-à-dire la perfection divine) et l’équité sont les fondements de votre trône.
La mélodie calme et douce exprime parfaitement cette contemplation émerveillée.
► Communion : Viderunt omnes
Comme à la messe de minuit, la Communion de la messe du jour de Noël reprend le texte de la première phrase du Graduel, tiré du psaume 97 :
Viderunt omnes fines terræ salutare Dei nostri.
Tous les confins de la Terre ont vu le salut donné par notre Dieu.
On y trouve la même ferveur joyeuse et enthousiaste, mais ici dans les limites restreintes d’une petite antienne, où cependant la mélodie monte et redescend à deux reprises toute l’octave dans un grand élan de reconnaissance pour le grand bienfait dont le Seigneur vient de nous combler.
Le site nord-américain Musica Sacra nous offre des partitions du psaume qui peut être interprété en alternance avec cette antienne de communion. C’est aisément déchiffrable pour tout choriste et nous encourageons vivement les chefs de scholas à les imprimer et à les travailler lors des répétitions. La psalmodie est le meilleur moyen d’apprendre à déclamer la phrase latine, à respecter les accents toniques, à prononcer cette langue liturgique sans hésiter…
L’enluminure. La Vierge n’est pas couchée. Notez la présence à ses côtés d’une femme qui tend les mains jointes vers l’Enfant-Jésus. C’est à-priori une sage-femme, qui ne porte pas d’auréole, mais une grande coiffe en turban. Elle tient devant la taille un linge blanc. Joseph est ici remarquable par le cierge qu’il tient ; sa posture penchée vers l’Enfant le fait participer à la scène, tout au contraire des Nativités où il est en retrait. C’est un motif présent dans des œuvres flamandes, chez Campin notamment. L’étoffe tendue en fond derrière Marie, rouge damassée d’or, est caractéristique de l’enlumineur, tout comme la prédominance des rouges et des bleus.
Le manuscrit : Le Livre d’Heures à l’usage de Bayeux Rennes MS 0032 est un manuscrit sur parchemin daté vers 1460, rédigé en latin et en français et réalisé en Normandie. Les enluminures sont attribuées au Maître de l’Échevinage de Rouen, artiste actif entre 1460 et 1480 et aussi appelé « Maître du latini de Genève ». Il est en effet l’illustrateur de nombreux ouvrages parmi la vingtaine de ceux qui constituaient la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville de Rouen, bibliothèque dont les livres, fixées par des chaînes, étaient consultables publiquement pour constituer une sorte d’encyclopédie. Parmi ceux-ci, on cite la Chronique de la Bouquechardière, la Cité de Dieu d’Augustin, une Bible, un Coutumier de Normandie, une Chronique de Charles VI et de Charles VII, le Trésor de Brunet Latin, le Livre des trois Eages de Pierre Choisnet ou le Cas des Nobles hommes et femmes de Boccace. On retrouve chez lui l’influence des artistes flamands et italiens.
► Source : Blog de Jean-Yves Cordier (excellent dossier sur les Vierges couchées à travers des enluminures, des livres d’heures…)