Description
La question des modes grégoriens a toujours fait recette. Un simple coup d’œil sur un siècle de bibliographie montre que les théories les plus échevelées et les plus contradictoires se côtoient. Pourtant, la critique interne et l’étude comparée des répertoires latins antiques, jointes à l’apport décisif de l’ethno-musicologie, nous permettent d’accéder aujourd’hui à une compréhension renouvelée de la modalité grégorienne.
A condition toutefois de commencer par poser deux questions fondamentales : Qu’est-ce que le chant grégorien ? Qu’est-ce qu’un mode ?
Sur ces bases, les pages qui suivent voudraient offrir une présentation des modes qui soit accessible tout en restant conforme à la vérité musicale du répertoire. Elles se veulent pédagogiques, ce qui suppose de simplifier et de structurer le sujet, sans jamais trahir pourtant les faits. N’est-ce pas un véritable défi, face à une réalité aussi complexe et nuancée ?
Une première partie, La modalité grégorienne, s’organise en tableaux qui éclairent successivement les principaux aspects du problème. Assez indépendants les uns des autres, ils peuvent dans une certaine mesure être étudiés séparément. L’exposé s’appuie largement sur les travaux de dom Jean Claire, même s’il les précise et les nuance à l’occasion.
Au terme de ce parcours, le lecteur dispose des clés nécessaires pour aborder L’octoechos grégorien, où chacun des huit modes est étudié pour lui-même. Le chanoine Jean Jeanneteau ( f1992 ) doit être considéré comme l’inspirateur premier de cette seconde partie. Ses réflexions si originales et si personnelles sur l’éthos de chaque mode y sont citées littéralement.
Le but pédagogique de cet ouvrage imposait de restreindre les notes aux indications bibliographiques indispensables. Les illustrations musicales se limitent aux exemples les plus significatifs, groupés à la fin de l’ouvrage. Ils ont été empruntés aux éditions pratiques en usage plutôt qu’aux manuscrits médiévaux, mais quelques corrections mélodiques ont été apportées lorsque c’était nécessaire. On se souviendra aussi que la terminologie solfégique utilisée a considérablement évolué en dix siècles d’histoire de la musique; si imparfaite qu’elle soit pour décrire les mécanismes de la composition grégorienne, il était cependant difficile d’y échapper.
Que madame Marie-Noël Colette trouve ici l’expression de nos vifs remerciements pour les conseils aimables et compétents dont bénéficie la rédaction finale de cet ouvrage.